Atelier masterant #2 – 13/03/2023

Le deuxième atelier de Master de Riceve se tiendra le lundi 13 mars de 16h30 à 18h30 en salleA102 (bâtiment de l’EHESS, 1er étage). 
Nous y écouterons et échangerons avec Louis Laurent (M2 Études politiques) autour du thème : “Rencontrer les rescapés, interroger les bourreaux. Face aux témoins du génocide des Tutsi au Rwanda“.

Ateliers masterant #1 – 6/02/2023

Lancé au printemps 2022, le  Réseau International de Chercheuses et Chercheurs à l’Epreuve des Violences Extrêmes – RICEVE – (https://riceve.hypotheses.org/) rassemble les chercheuses et chercheurs en sciences sociales confrontés aux différentes formes de violence extrême sur leur terrain ou dans leurs recherches. 

Cette violence peut être directement liée au sujet étudié, ainsi qu’aux formes qu’elle revêt sur le terrain d’enquête. Ses effets de la violence sur ceux qui l’étudient ont rarement fait l’objet de recherches. Pourtant, elle ne s’arrête pas à ses premières victimes et témoins : si elle affecte les corps martyrisés, elle atteint aussi le corps social, la communauté et, au bout du compte, celles et ceux qui s’y approchent dans leur travaux. Le RICEVE a pour objectif d’examiner ces effets de la violence sur la recherche ; comment affectent-t-elles notre travail d’enquête ? Comment travailler sur ces violences sans être isolé ? Que dire de cette violence, et que faire ? Quelle position peut-on adopter face à la souffrance des victimes et face à la violences des bourreaux ? 

Ces questions concernent aussi les étudiants qui y sont confrontés à part entière. Seulement, à l’exception de quelques initiatives, il est difficile de trouver des lieux d’échanges pour discuter de ces problématiques essentielles, afin de mieux penser les différentes méthodes d’enquête, mais aussi de développer ces réflexions pour faire de ces effets de la violences des objets pour les sciences sociales. C’est pour cette raisons que les jeunes chercheuses et chercheurs occupent une place intégrale dans les travaux et les initiatives du RICEVE.

Le lundi 6 février de 16h30 à 18h30, les étudiants de M1 et de M2 travaillant sur des sujets liés à la violence extrêmes sont conviés à une réunion conviviale à l’EHESS (Campus Condorcet, salle 50), animée par Eylem Aktaş, étudiante en M2 dans la Mention “Études Politiques” et Timothée Brunet-Lefèvre, doctorant au CESPRA. Cette réunion sera l’occasion de présenter aux étudiants la plateforme Riceve et les dispositifs mis en place par le Réseau.

Call for Application : EHESS Summer School / École d’été de l’EHESS – 07/2023 – “Mapping Violence”

Riceve is glad to announce you the 2nd edition of the EHESS Summer School on the theme of “Mapping Violences” :

Relying on its resolutely international dimension, EHESS organizes its second Summer School edition on the Campus Condorcet Paris-Aubervilliers. It will be held from 3 to 7 July 2023, is destined to international students and will explore the theme « Mapping violences ».  

Registration will be open from 1 February to 31 March 2023“. To apply : https://www.ehess.fr/fr/vie-lécole/call-applications-ehess-summer-school-2023-appel-candidatures-lécole-dété-lehss-202

Avis de parution

Dorothée Delacroix, Anne Marie Losonczy (dir.), Le cadavre et ses avatars. Approches anthropologique en contexte de sortie de violence, Paris, Petra, 2022 ; ISBN : 978-2-84743-302-9.

Le cadavre et ses avatars vise à éclairer la façon dont se recompose l’existence symbolique et matérielle des restes humains en contexte post-conflit. Le constat de la mobilité de ces restes au sein d’espace-temps multiples et celui de la variété des formes qui leur sont assignées (saints, âmes, fantômes, objets d’investigations médico-légales, déchets ou noms sans corps émergés des archives) invitent d’emblée à une approche comparative. Cet ouvrage propose donc de faire dialoguer des ethnographies de terrains latino-américains et européens, où les univers funéraires sont à chaque fois marqués par l’empreinte conjointe du christianisme et de pratiques coutumières.” 

Ouvrage dirigé par Dorothée Delacroix et Anne-Marie Losonczy, avec les contributions de Pamela Colombo, Dorothée Delacroix, Anne-Marie Losonczy, Anélie Prudor, Mariana Tello Weiss et Galia Valtchinova.

Voeux de Riceve – New Year Wishes from Riceve

Chères et Chers membres et ami-e-s de Riceve, 

Le comité de direction du Réseau vous souhaite une excellente année 2023 et vous adresse ses meilleurs vœux. 

L’année 2022 fut très riche pour notre projet, lancé en mai dernier et suivi par une première journée scientifique mémorable le 15 juin dernier. Ces deux évènements ont posé les fondations du travail que nous souhaitons poursuivre avec vous, chères et chers collègues. 

L’année 2023 sera donc une année importante pour notre réseau ; en juin, une nouvelle journée d’étude sera organisée autour des images et de la violence extrême. L’école d’été de l’EHESS en juillet, qui sera organisée par Richard Rechtman et Cécile Boëx, portera sur les thèmes qui sont au cœur de nos réflexions. D’ici là, nous serons heureux d’accueillir parmi nous des étudiants de Master de l’EHESS travaillant sur les violences extrêmes, et d’organiser avec vous toutes et tous nos premiers ateliers. 

Par ailleurs, nous avons commencé à mettre à jour notre Carnet Hypothèses : https://riceve.hypotheses.org. Vous y retrouverez nos activités, des propositions de travaux, compte-rendus de séminaires, avis de parution ainsi que des réflexions soumises par nos membres. N’hésitez pas à faire parvenir toute information ou contribution que vous souhaiteriez diffuser sur le Carnet Hypothèses. 

Nous serions aussi très heureux d’entendre vos suggestions ou idées dont vous souhaiteriez nous faire part pour faire vivre le Réseau.

Au plaisir de vous retrouver toutes et tous, 

Le comité de direction de Riceve

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Dear members of Riceve, 

The Steering Committee of the Network wishes you an excellent year 2023 and sends you its best wishes. 

2022 was a major year for our project, launched in May 2022 and followed by a memorable colloquium on June 15. These two events laid the foundations for the work we wish to pursue with you, dear colleagues. 

2023 will therefore be as important for our network ; in June, a second colloquium will be organized, around the question of images and extreme violence. The EHESS Summer School, which will be held in the beginning of July, will be organized by Richard Rechtman and Cécile Boëx, and will deal with the themes that are at the heart of our reflections. In the meantime, we will be happy to welcome among us Master students from the EHESS working on extreme violence, and to organize with you all our first workshops. 

We have also started to update our “Carnet Hypothèses” online : https://riceve.hypotheses.org. You will find our activities, work proposals, reports of seminars and conferences, publications and ideas submitted by our members. Please feel free to send us any information or contributions you would like to share on the “Carnet Hypothèses”.

We would also be very happy to hear your suggestions and ideas that you would like to share with us for the Network.

Looking forward to being reunited with you all very soon,

Riceve Steering Committee

“Jusqu’où dire la violence qu’on explore ?” Entretien avec Sandra Laugier – 15/06/2021 – FMSH

À l’occasion de la première journée scientifique du Riceve, nous sommes revenus avec la philosophe Sandra Laugier sur l’énonciation de la violence, la forme de vie et l’intérêt du réseau.

Audio : https://www.canal-u.tv/embed/132109?t=0

“Je suis Sandra Laugier, je suis professeure de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Mon objet de recherche, au départ, c’est la philosophie du langage ordinaire, à partir de Wittgenstein. Et à partir de cette étude du langage, je me suis intéressée à plusieurs sujets. D’abord, la question du care, de l’éthique, qui serait justement attentive aux usages du langage et à la vie ordinaire. Et ensuite, je me suis intéressée notamment au travail de Veena Das, Richard Rechtman et à cette anthropologie qui explore la texture de la vie ordinaire. 

Sur le langage et la violence : “Si on veut savoir jusqu’où dire la violence, je crois que c’est justement cette question de ce que c’est que dire. Et l’exploration, vraiment, de ce que c’est que les limites du langage. Et pour la violence, ce qui m’a vraiment intéressée d’emblée, c’est comment des formes de violence extrême détruisent à la fois le langage ordinaire et la forme de vie en tant que telle. Et c’est ça le lien entre philosophie du langage et anthropologie : c’est comment certaines réalités, certaines formes de violence vont effectivement avoir cette perte du langage et de l’expressivité, et donc avoir cette dimension de destruction. Et la question est de savoir comment est-ce qu’on va réparer cela ? Et ça va être effectivement à travers cette attention à la vie ordinaire et cette capacité à retrouver : retrouver la parole, retrouver l’usage du langage”. 

Sur la “forme de vie” : “Alors, une forme de vie, c’est quelque chose qui est très discuté, puisqu’on pourrait se demander si une forme de vie c’est quelque chose qui est une culture, tout simplement, et une forme de vie dans laquelle tout le monde est content et s’accorde, donc une forme culturelle. Mais il y a aussi un autre sens de la forme de vie qui a été développé par le philosophe Stanley Cavelle, également par Veena Das. Et donc, il y a l’intersection de l’anthropologie et de la philosophie, qui va être un sens, peut-être plus radical, plus biologique, on va dire, et qui vraiment permet de décider ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas. Et là, la frontière, comme on le sait, dans les cas de grande violence, elle est, souvent, assez floue”. 

Sur le réseau : “L’intérêt d’un réseau comme celui-là, c’est que ces approches que nous décrivons, là, elles sont très importantes, bien sûr, influentes, mais assez minoritaires dans le champ intellectuel, que ce soit en philosophie, en anthropologie. Et la forme du réseau international, avec des personnes qui sont un peu disséminées et donc qu’on arrive à réunir et à faire travailler ensemble régulièrement, c’est exactement ce dont on a besoin pour développer quelque chose qui est en réalité assez innovant”.

“Jusqu’où dire la violence qu’on explore ?” Entretien avec Christian Ingrao – 15/06/2021 – FMSH

À l’occasion de la première journée scientifique du Riceve, nous sommes revenus avec l’historien Christian Ingrao sur les défis de la recherche face à la violence, sur la sidération, et sur l’intérêt du réseau pour le dialogue entre anthropologues et historiens.

Audio : https://www.canal-u.tv/embed/132111?t=0

“Je m’appelle Christian Ingrao, je suis directeur de recherche au CNRS. J’ai dirigé l’Institut d’histoire du temps présent, et je suis à l’heure actuelle au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron, à l’École des hautes études. Je suis spécialiste du nazisme et de la violence de guerre au XXème et au XXIème siècles.”

Sur le défi que pose la violence à la recherche : “La question de la violence est une question qui est compliquée, parce qu’elle navigue entre deux injonctions qui sont contradictoires : d’un côté, une injonction d’exactitude pour la dimension analytique, et de l’autre, une injonction de communicabilité, pour qu’on puisse parler aux gens tout, en les conduisant à réfléchir et à éviter la sidération.” 

Sur la sidération : “La sidération est un phénomène qui, lorsqu’on est confronté à quelque chose qui sature nos systèmes de représentation et nos systèmes de perception, nous laisse complètement fixes. C’est quelque chose qui empêche la recherche de se faire. Il y a une très belle phrase de René Char qu’il va falloir qu’on reprenne à un moment ou à un autre, c’est la suivante : “Quand on a mission d’éveiller, on commence par faire sa toilette dans la rivière. Le premier enchantement comme le premier saisissement sont pour soi.” 

Sur le réseau : “La très grande utilité du réseau consiste à organiser la rencontre entre les anthropologues et les historiens. Une rencontre qui date déjà d’il y a une vingtaine d’années, mais qui, ici, connaît un renouvellement, un rafraîchissement avec des collègues issus d’universités américaines notamment, et qui promet un renouvellement très profond de nos questionnements.” 

“Jusqu’où dire la violence qu’on explore ?” Entretien avec Lotte Segal – 15/06/2021 – FMSH

À l’occasion de la première journée scientifique du Riceve, nous sommes revenus avec l’anthropologue Lotte Segal sur ses travaux, l’ancrage de la violence dans le quotidien et l’importance du réseau pour interroger la recherche confrontée à la violence.

audio : https://www.canal-u.tv/embed/132113?t=0

“My name is Lotte Segal, I am a lecturer in Social Anthropology at the University of Edinburgh. I teach in Edinburgh and my research is around questions of what it means to live with violence on an everyday basis, in the sense of ; what are the traces that are left by events that may have happened a long time ago, but which become part of the lives that people live and the relationships in which they belong. I am not necessarily the one who can always say why it was so-called original violence, that is the cause of how people live their life now.” 

Making a life in violence : “But by asking questions about how people live, who are they together with, what does it take for them to feel at home… Say, if they are refugees in a new country where their experiences of violence and of torture is not really recognised as important, what does it mean to make a life and a living worth for yourself, and also for your children, in such a place? I think those are the questions I can ask […]”

On the Riceve network : “The network is a really fabulous platform for researchers who work on very different forms of violence and from different approaches to be able to come together and create a kind of language for how we speak about both what it means to do this research. But not in order to say: “Oh, we are secondarily traumatised by this research.” I don’t think that is the point. And that is what makes this platform so fabulous: that it’s about finding out what does actually mean to work with violence. Is it something special or isn’t it? And if it is, how does it marks the kind of questions we pose? And what is the pressure of violence on the concepts we think with?”  

“Jusqu’où dire la violence qu’on explore ?” Entretien avec Veena Das – 15/06/2021 – FMSH

À l’occasion de la première journée scientifique du Riceve, nous sommes revenus avec l’anthropologue Veena Das sur ses recherches, l’intérêt de notre réseau et la relation entre la violence et le langage.

Audio : https://www.canal-u.tv/embed/132117?t=0

“I’m Veena Das and I teach at Johns Hopkins University. I study many things, but one of the very compelling questions I study is the relationship between extreme violence and everyday violence, and the manner in which these kinds of violence morph into each other. So the question of what, at the moment of spectacular violence might be very compelling, unfolds over a period of time into making the quotidian life and its textures.”

On how to tell the violence you explore : “It is a question that can’t be answered in any formulaic way, because it’s the people who lead you to devise ways by which you can tell their story or not tell their story – or the way in which expression is found is a result of a constant experimentation with the questions of voice, with the questions of what is beyond voice and how do you learn to give some autonomy to the people who have suffered from violence and who you don’t want to be. Not just for the traumatized, but you don’t want the occasional violence to be something that makes their lives absolutely transparent and open to you.”

On the importance of the network : “One of the very important parts of the network is that it has an open character, so it means that people can be sharing how they came to think about their problematic in relation to violence, but also, they can be sharing the fact that those who study violence know that they are treated with a lot of suspicion because of this assumption that there is a fascination with violence, so that maybe they are stuck on giving horror stories, which is not how… Most people who write on violence actually write with a lot of tact. But that requires, I think, some kind of ways in which these questions can be discussed in an open way. And the network would be very important to articulate some of these concerns.”

On language and violence :  “The point is neither of the two are transparent categories. And so part of what studying of violence does is that it makes us relook at the question of language itself, so that it’s not a given. Our picture of language is tied up with questions of expressivity, so that there is a sense in which it’s not just the words spoken, but it’s also the gestures. It’s the way that language is boarding forward. It’s the manner in which everything that you say reveals something or not. It doesn’t have to be a direct address to the violence. But your language gets formed in relationship to the experience of violence.”   

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